Une nouvelle zone agro-alimentaire pour Le Cabanon
L'industrie de la transformation de tomates met la sauce dans le Vaucluse ! Après Panzani à Entraigues-sur-la-Sorgues, la SAS Les Conserveries Provençales qui commercialise les produits Le Cabanon veut s'installer dans de nouveaux murs sur son fief camaretois. Pour l'heure, la CCAOP est à la manœuvre afin de permettre à la conserverie de rester sur son territoire. La collectivité négocie dans le but de constituer une réserve foncière adaptée au projet industriel. Les propriétaires des parcelles convoitées ayant révisé leurs prétentions tarifaires à la hausse, il aura fallu deux votes, en juin 2023 puis en mai 2024, pour que l'opération soit approuvée dans son principe. Avec une surface d'un peu plus de 40 000 m², à l'ouest de la commune, le long de la D43, le terrain en cours d'acquisition est destiné à l'aménagement d'une zone agro-alimentaire. Celle-ci devrait accueillir essentiellement l'entreprise installée sur la commune depuis sa fondation en 1947. L'industriel souhaite déménager dans des locaux plus modernes et poursuivre une stratégie de relocalisation engagée depuis plusieurs années maintenant.
Retour aux sauces locales
Pour l'entreprise, cette opération est une nouvelle étape dans un long processus de restauration des outils de production et de réhabilitation de son image. Pour rappel, c'est à la barre du tribunal de commerce d'Avignon que le groupe alimentaire portugais Greenbiz-LDA a pris le contrôle de l'entreprise en liquidation en 2014. L'ancienne coopérative créée par des producteurs de tomates régionaux, devenue une société commerciale dans les années 80, était alors sous la coupe du conglomérat chinois Chalkis depuis 2004. Durant les dix années de cette ère, l'activité a décliné tandis que des polémiques sur les origines des matières premières entachaient la réputation de la marque. Dans une recherche permanente de réductions des coûts, l'outil industriel a été peu à peu déclassé jusqu'à l'abandon des opérations de transformation. À contre-courant des politiques qui prônent la production locale et l'autonomie alimentaire, les produits étaient élaborés à partir de concentrés venus d'Asie. L'usine qui produisait jusqu'à un quart des sauces tomate consommées en France s'est retrouvée en péril et sous le feu des projecteurs. Prix Albert Londres 2018, reprise dans de nombreux médias, l'enquête sur l'industrie de la tomate du journaliste Jean-Baptise Malet (L'Empire de l'Or Rouge chez Fayard) débute dans l'usine camaretoise. Aujourd'hui, s'il ne remet pas en question la qualité des matières premières importées par la direction précédente, le fonds d'investissement portugais aux commandes de l'entreprise mise tout sur la production française. Il l'affiche très visiblement sur les étiquettes de ses produits et dans tous ses supports de communication.